Histoire
L’histoire et la culture de cette région remontent loin dans le temps, avec les civilisations du Delta intérieur du Niger dont Djenné Djeno était la plus ancienne cité. Cette dernière, ancêtre de la ville actuelle, était établie à trois kilomètres au sud; elle fut sans doute occupée du II ème siècle avant J.C. jusqu’au IX ème siècle après J.C.
Dans le passé, Djenné et sa ville soeur Tombouctou, converties à l’Islam, étaient les légendaires portes du Sahara
La Ville de Djenné
En arrivant à Djenné, le visiteur est saisi par l’ensemble unique formé par l’environnement naturel de la ville, le Delta intérieur du Niger et par la ville elle-même, édifiée sur une levée de terre, avec son labyrinthe de ruelles, ses maisons typiques et sa majestueuse mosquée. L’intérêt de la conservation de la ville de Djenné fut officiellement reconnu lors de son inscription sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 1988
Le Delta intérieur du Niger
Le territoire qui s’étend de Tombouctou à San est traversé par le fleuve Niger et son affluent le Bani, ainsi que par des rivières et des ruisseaux, qui, à la saison des pluies, de juillet à octobre, se gonflent et transforment pendant quelques mois la région en un immense delta intérieur. C’est là qu’est établie la ville de Djenné, à 540 kilomètres de la capitale Bamako et 145 kilomètres de la ville de Mopti.
LE PROJET
Le constat de l’appauvrissement et de la dégradation de la ville de Djenné (Mali), bien qu’elle soit classée « patrimoine mondial de l’humanité, » a conduit l’association DJENNE PATRIMOINE, le barey ton (la corporation des maçons de Djenné) et ACROTERRE à unir leurs efforts pour inverser cette tendance.
L’objectif général du projet est de contribuer au développement économique de la ville de Djenné en s’appuyant sur les organisations de base et la population. Il s’agit d’un programme intégré de protection et de promotion du patrimoine de Djenné fondé sur la participation directe de la population et la génération de revenus.
Objectifs spécifiques :
1 – sensibiliser la population de Djenné à la valeur du patrimoine architectural et à la nécessité de sa préservation ;
2 – coordonner les actions liées à la protection du patrimoine et de l’environnement – améliorer la qualité des enduits traditionnels en terre
3 – redécouvrir la technique disparue des djenné ferey (briques traditionnelles, cylindriques)
4 – appuyer la modernisation de la corporation des maçons de Djenné
5 – créer des emplois, notamment dans la filière construction, liés à la préservation et à la valorisation du patrimoine.
Tous ces objectifs se matérialisent dans la construction de la « Maison du Patrimoine de Djenné ». Cette réalisation n’est pas une fin en soi, elle sera plutôt un vecteur de développement à long terme.
Les groupes cibles sont les maçons de Djenné, les propriétaires des maisons et la population dans son ensemble, et secondairement les artisans d’art de la ville.
Le programme initial prévoyait trois saisons d’activités (chaque saison correspondant à 7 mois de l’année (de novembre à mai) hors saison des pluies, mois pendant lesquels il est possible de travailler (en dehors des travaux champêtres).
CE QUI A DEJA ETE FAIT :
Sensibiliser la population de Djenné à la valeur du patrimoine architectural et à la nécessité de sa préservation :
– EXPOSITION « DJENNE DE 1900 A NOS JOURS »
Cette exposition, présentée du 26 décembre 2008 au 15 mars 2009 à la Maison du Peuple, se composait de 70 photos en noir et blanc de format A3, ayant pour thème l’architecture traditionnelle de Djenné à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ainsi que des photos relatant des épisodes marquant de l’histoire de la ville.
L’exposition de ces documents historiques était complétée par des photos couleur d’Evelyne Bertrand sur l’architecture traditionnelle de la ville aujourd’hui et l’artisanat d’art.
Le but de l’exposition consistait notamment à sensibiliser les propriétaires de maisons et les maçons de la ville à la dégradation de la qualité architecturale depuis le début du XXe siècle.
Cette exposition a connu un énorme succès auprès de la population de tous âges, peu habituée à ce genre de manifestation ; elle a été visitée par environ 140 personnes chaque jour pendant douze semaines.
– EXPOSITION « ARCHITECTURES DE TERRE D’ICI ET D’AILLEURS » :
Il s’agit de la célèbre exposition organisée au Centre Pompidou en 1981, dont une version allégée a été présentée à la Maison du Peuple du 23 décembre 2009 au 23 février 2010.
Cette exposition se composait de 60 photos noir et blanc et couleur, format 60 cm x 40 cm représentatives de la diversité des architectures de terre dans le monde.
L’objectif était de faire découvrir aux habitants de Djenné et plus particulièrement aux propriétaires de maisons et aux maçons la grande richesse et diversité de la construction en terre dans le monde.
Elle a permit d’accueillir:
– 1500 visiteurs maliens
– 328 élèves
– 683 visiteurs étrangers
soit un total de 2 511 visiteurs.
A signaler que la Maison du Peuple étant l’unique grande salle de Djenné, elle a été fréquemment réquisitionnée par le préfet pour des réunions rendant impossible l’accès à l’exposition. Cela confirme le bien fondé du choix de construire une salle d’exposition au sein de la maison du patrimoine.
– SENSIBILISATION DES SCOLAIRES AU PATRIMOINE DE DJENNE :
Cette activité menée en étroite collaboration avec la Mission Culturelle de Djenné avait pour objectif de sensibiliser les élèves à la découverte de leur patrimoine archéologique, culturel et architectural.
Elle se déroulait dans les écoles et associait les compétences d’une équipe pluridisciplinaire (archéologue, professeur d’art et pédagogue)
Séances réalisées :
– jeudi 29 janvier 2009 à 16 h : école du quartier + école franco arabe + 6e de Kanafa.
– Vendredi 30 janvier 2009 à 16 h : second cycle de Kanafa
– Samedi 31 janvier 2009 à 16 h : école Thiokary 6e A, B, C.
– jeudi 5 février 2009 à 16 h: second cycle école Vitré-Djenné
– samedi 7 février 2009 à 16 h: second cycle école Vitré-Djenné
Cette sensibilisation a touché un grand nombre d’élèves (entre 300 et 400 par séances, et même parfois jusqu’à 500) et elle leur a permis d’appréhender le patrimoine de leur ville, qu’ils ne connaissent généralement pas, pas plus que la signification du classement comme Patrimoine de l’humanité. La plupart des élèves ont bien participé aux questions/réponses sur le patrimoine.
Des pourparlers sont actuellement en cours entre DJENNE PATRIMOINE et la Mission Culturelle pour reprendre l’organisation d’activités de sensibilisation dans les écoles, en s’adressant à de plus petits groupes.
– ATELIER DE DESSIN SUR l’ARCHITECTURE TRADITIONNELLE DE DJENNE
L’atelier de dessin a débuté ses activités en février 2010 avec un an de retard et un nombre d’élèves limité (6 au lieu de 20). Le processus de sélection des élèves par concours de dessin a été long à mettre en place.
L’objectif pédagogique de cette activité est double: initier aux arts graphiques des enfants ayant démontré un goût et un potentiel artistique et les sensibiliser à la découverte du patrimoine architectural de la ville.
Cet atelier a lieu pendant le temps libre des élèves et se déroule in situ en ville ; le matériel est fourni. A la fin des ateliers il est prévu d’organiser une exposition des dessins réalisés à Djenné et, si la qualité des réalisations le permet, au Centre Culturel Français de Bamako.
Coordonner les actions liées à la protection du patrimoine et de l’environnement
– améliorer la qualité des enduits traditionnels en terre
– AMELIORATION DE LA QUALITE DES ENDUITS
Cette activité joue un rôle important dans la stratégie de conservation du patrimoine architectural de la ville car de ses résultats dépendra la disparition des façades recouvertes de briques cuites.
A l’approche « technicienne » (analyses en laboratoire de sols) initialement prévue nous avons préféré une approche « ethnologique » plus participative, se fondant sur l’étude des bonnes pratiques constructives traditionnelles.
Le programme de travail prévoit 6 étapes:
– recensement des bonnes recettes et pratiques traditionnelles
– réalisations d’essais d’enduits in situ avec différentes terres
– évaluation des résultats
– amélioration par modification des procédés de mise en oeuvre ou adjonction d’adjuvants non traditionnels
– évaluation des résultats
– diffusion
Le recensement des ingrédients et des techniques a été effectué dans le cadre du groupe de travail permanent n° 2. Des essais d’enduits ont été réalisés en 2009 sur les murs d’enceinte du cimetière collectif. Il est prévu d’évaluer les résultats après la seconde saison des pluies, dernier trimestre 2010, mais d’ores et déjà nous savons que ceux-ci ne seront pas très concluants. Plusieurs raisons sont à évoquer: la réalisation tardive des essais fin mai (en pleine chaleur et juste avant la saison des
pluies), la difficulté des maçons à se réunir et à s’organiser, mais aussi un manque de sérieux évident dans la mise en oeuvre de ce premier essai.
La remise en question du travail de ce groupe est actuellement en cours, avec notamment le remplacement de plusieurs de ses membres ; mais quelle que soitl’issue, cela se traduira au minimum par un retard d’un an par rapport au programme initial.
REDECOUVERTE D’UN SAVOIR-FAIRE CONSTRUCTIF: LA BRIQUE DJENNE FEREY
L’utilisation de la brique dite djenné ferey est un savoir-faire constructif unique au monde, originaire de Djenné (apparu vers 850 après JC et abandonné vers 1930).
Menacé de disparition complète (seul un vieux maçon avait construit en djenné ferey dans sa jeunesse) sa redécouverte faisait partie des objectifs de la première phase du projet.
Le travail s’est déroulé en trois étapes distinctes:
1) étude/recherche/documentation
2) expérimentation
3) formation
Le vieux maçon Boubacar Touré a été étroitement associé aux activités pendant ces trois étapes qui se sont déroulées sur plusieurs années.
Le travail d’étude/recherche/documentation a été initié dès 2005. Les études réalisées ont donnés lieu à une présentation aux « Echanges transdisciplinaires sur les constructions en terre crue » qui se sont déroulés à Toulouse en mai 2008, suivie d’une publication avec le CNRS en janvier 2010.
Deux expérimentations in situ (la construction d’un porche et d’un tintin sorte de banquette traditionnellement située à l’entrée des maisons) ont permis de valider lesdonnées collectées et de retrouver les gestes du métier. Une vingtaine de maçons ont été progressivement formés à la production et à la mise en oeuvre des djenné ferey.
L’effondrement du minaret sud est de la grande mosquée de Djenné (novembre 2009) et sa reconstruction subséquente par la fondation Agha Khan dans le respect des techniques originelles (conformément à la charte de Venise) a conforté les orientations prises par le projet. Le travail initié par le projet a permis d’organiser très rapidement la production de djenné
ferey en quantité (plusieurs dizaines de milliers ont été nécessaires à la reconstruction du minaret) et de disposer d’une main d’œuvre qualifiée.
Appuyer la modernisation de la corporation des maçons de Djenné
1 – L’alphabétisation fonctionnelle, notamment systématisation des notions de calcul utiles à l’établissement de devis ; les défaillances de la formation traditionnelle des maçons dans ce domaine les défavorisent dans la compétition avec les tâcherons auprès des clients privés et des administrations ; l’acquisition d’un niveau scolaire minimum semble être une exigence des temps qui viennent ; tout en sachant qu’elle demande beaucoup de temps avant de porter ses fruits et qu’il est ingrat pour des adultes d’avoir à apprendre à lire, écrire, compter…
– L’ALPHABETISATION (avec compétences de vie courante) première année :
Les cours ont commencés le 15 janvier 2009 avec 35 inscrits, dont 30 environ ont suivi régulièrement. Les séances se déroulent en langue bambara de 19 h à environ 22 h, les samedi, dimanche, lundi, mardi et mercredi. Les stagiaires apprennent à lire, à écrire et à calculer en bambara.
Cette activité est véritablement une réussite car les cours sont bien suivis et les stagiaires motivés malgré la difficulté de l’apprentissage à l’âge adulte et malgré des conditions difficiles puisque les cours ont lieu en soirée après la journée de travail des jeunes sur leur chantier, et durent près de 3 heures.
– ALPHABETISATION (avec compétences de vie courante) deuxième année :
Les séances d’alphabétisation ont repris le 15 janvier 2010 au bénéfice de ceux qui avaient atteint un niveau suffisant la première année, au nombre de 20, d’une part, et au bénéfice d’un nouveau groupe de 8 débutants, d’autre part. De ce fait, le cours commence par les nouveaux, pendant que les anciens s’entrainent sur leur livre de lecture ; puis le moniteur aide les anciens ; le cours de calcul est le même pour tous. Deux ou trois fois dans la semaine a lieu une initiation au français.
Cependant, les stagiaires de l’an dernier sont parfaitement conscients des avantages qu’ils acquièrent grâce à cette formation, ils sont toujours aussi motivés et ils se sont organisés pour constituer une association, dont le but sera de garder le contact entre eux afin de s’entraider, et éventuellement d’aider plus tard d’autres maçons à acquérir l’alphabétisation.
2 – UNE INFORMATION ETENDUE SUR LES REALISATIONS EN TERRE DANS LE MONDE :
Pour renforcer le message contenu dans la conférence faite à Djenné par Jean Dethier en 2004 : « la construction en terre n’est pas une construction pour les pauvres, on peut construire des palais en terre ».
– ATELIERS DE FORMATION THEMATIQUES
Leur objectif principal est de faire prendre conscience aux maçons du rôle central qu’ils ont à jouer dans le processus de conservation du patrimoine architectural.
A cette fin, il a été organisé divers ateliers de travail avec les maçons dans le but de :
– mettre en valeur le métier de maçon et les savoir-faire constructifs
– faire prendre conscience des valeurs (tangibles et intangibles) attachées au patrimoine bâti et au savoir-faire constructif
– ouvrir les maçons de Djenné sur le monde extérieur dans le domaine de la construction en terre (présentation de films commentés et diapos/photos sur les techniques de construction en terre dans le monde ; comparer Djenné avec d’autres sites classés en terre tels que Shibam au Yémen, Barichara en Colombie ; informer les maçons de ce qui se fait à l’extérieur…)
– redonner confiance à la profession et à ses membres
– remettre en question la mode de l’habillage des façades en briques cuites (aspect économique, aspect technique, aspect esthétique, aspect réglementaire)
– commencer une série de photos « collection des portraits des maçons de Djenné »
– rassembler l’ensemble de la corporation.
Atelier sur la conservation du patrimoine bâti de Djenné
Cet atelier qui s’est déroulé sur 2 jours a réuni 65 maçons (dont 30 travaillant sur le projet de restauration de la mosquée) à la Maison du Peuple les 30 et 31 janvier 2010. Il a été réalisé avec l’appui de la Mission Culturelle et du Réseau Aga Khan pour la Culture ; il a fait l’objet d’un suivi vidéo.
Intervenants: Olivier Scherrer (ACROTERRE), Abdlekader Fofana (AKDN), Mamadou Samaké (Mission Culturelle), Amadou Tahirou Bah (DJENNE PATRIMOINE).
Les présentations ont eu lieu en langue bambara et elles ont donné lieu à de vifs débats notamment sur le problème de l’habillage des façades en briques
3 – GROUPES DE TRAVAIL PERMANENTS DES MACONS
Dans un souci de formation et d’appropriation du projet par les maçons, notre approche a consisté à responsabiliser les maçons au maximum. Dans ce sens, et devant l’impossibilité matérielle de travailler avec l’ensemble des maçons (plus de 100), il fut demandé aux membres du barey ton de nommer les participants aux différents groupes de travail ; ceci s’est fait au cours d’une réunion extraordinaire qui
s’est déroulée le 2 février 2009 au siège du barey ton.
Cette réunion a permis d’expliquer ce qu’est l’esprit de coopération qui anime le projet, d’en rappeler les objectifs, de préciser l’identité des partenaires, de préciser la tâche des groupes de travail et leur fonctionnement. Il a été décidé que les participants aux groupes de travail, qui représentent les différentes catégories de maçons (anciens, jeunes, quartiers,…) seraient choisis par l’ensemble des membres du barey ton sans intervention extérieure sur le processus décisionnel.
Trois groupes de travail de 6 personnes ont été constitués :
Groupe 1 : le chantier de construction de la maison du patrimoine (y compris les plans de la maison du patrimoine et la production de djenné ferey)
Groupe 2 : l’amélioration de la qualité des enduits
Groupe 3 : la modernisation de la corporation des maçons (incluant la formation)
Entre le 27 février et le 11 mars 2009, 10 séances de travail de 2 heures (soit un minimum de trois réunions de travail par groupe) ont été animées par l’expert d’ACROTERRE. Dans l’ensemble la participation a été très bonne et les règles de fonctionnement respectées.
Les objectifs généraux du travail des maçons dans ces groupes sont :
– d’inciter les maçons à s’interroger, à pousser leur réflexion, à susciter une prise de conscience
– de permettre l’acquisition des éléments méthodologiques pour identifier et analyser les problèmes,
– de faciliter l’organisation /la responsabilisation
– de favoriser l’appropriation du projet.
Résultats
Les maçons pensaient que nous allions ouvrir le chantier directement et ils ne comprenaient pas bien ce que nous attendions d’eux. Réfléchir avec un certain degré d’abstraction et planifier en se projetant dans le temps ne font pas partie des pratiques locales habituelles.
Le travail de classement des problèmes et des questions à débattre a été extrêmement fastidieux, le concept même de classement par catégorie étant une notion qui échappe totalement aux maçons de Djenné. Cette remarque amène à s’interroger à la fois sur nos méthodes de travail et nos modes de communication.
MISE EN VALEUR DU TRAVAIL DES ARTISANS CREATEURS DE DJENNE :
–
Réalisation d’un catalogue des artisans d’art de Djenné, à partir des interviews et photos faites en 2009 par Evelyne Bertrand. En 2010 le catalogue a été entièrement complété (nouveaux artisans, photos des dernières créations, ajout des coordonnées de chaque artisan, afin qu’il puisse être contacté directement par de futurs clients). Il est question d’éditer un catalogue dans lequel ne figureraient pas les interviews.
Réunion avec les artisans d’art de Djenné : sous la présidence de Boubacar Samounou (président de l’association des artisans de Djenné), a été organisée le 28 janvier 2010, une réunion des 37 artisans créateurs recensés. Cette réunion était destinée à leur projeter la dernière version du catalogue (présentation Power Point), et à échanger avec eux sur la façon d’exploiter au mieux ces documents et de faire connaître leur travail à l’étranger, afin de leur offrir des débouchés supplémentaires.
C’était également une occasion pour échanger sur les difficultés qu’ils rencontrent dans leur travail.
Pratiquement tous les artisans invités à la réunion étaient présents, ils ont beaucoup apprécié la qualité des documents photographiques et leur présentation.
Perspectives :
– réalisation d’un site internet pour la promotion de l’artisanat d’art de Djenné
– partenariat avec l’APCM (l’Assemblée Permanente des Chambres des Métiers du Mali) et la COFPA (Cellule Opérationnelle de la Formation Professionnelle dans l’Artisanat) qui ont approché le projet et ont été impressionnés par le travail réalisé.
– APPROVISIONNEMENT DES BRODEURS DE DJENNE EN FIL A BRODER
Le projet a mis à disposition depuis fin 2009 un stock de fil de soie produite en France, car les brodeurs de Djenné n’étaient plus approvisionnés depuis plus d’un an, et une qualité de fil, introuvable au Mali depuis plus de 10 ans, a même été spécialement remise en fabrication pour eux.
Ce stock est géré par DJENNE PATRIMOINE qui vend les bobines aux artisans à leur prix de revient. Les brodeurs sont enchantés de pouvoir ainsi poursuivre leur métier, et retrouver une qualité de travail qui avait pratiquement disparu en raison de cette pénurie.
L’augmentation significative du nombre de maisons habillées en briques cuites dans la ville de Djenné ces dernières années et le risque subséquent d’une généralisation de cette pratique ont conduit l’association DJENNE PATRIMOINE en partenariat avec ACROTERRE à entreprendre d’analyser ce phénomène, afin de mieux pouvoir y remédier. C’est dans ce contexte qu’a été réalisée, en février 2008, puis entre janvier et mars 2009, la présente étude.
ENQUÊTE:
il s’agit d’une enquête de terrain effectuée en février 2008 par un enquêteur connaissant bien la ville. Chaque rue a été visitée et les maisons présentant des briques cuites apparentes ont fait l’objet d’une observation particulière, d’un relevé succinct et d’un questionnaire. Les données identifiées sont les suivantes :
· nom du propriétaire
· adresse
· type de bâtiment
· caractéristiques (dimensions)
· date de construction
· technique de construction
· date de l’habillage en briques cuites
· nom du maçon qui a réalisé les travaux
· parties recouvertes en briques cuites
· entretiens réalisés
· état du bâtiment
Des photos ont été prises entre janvier et mars 2009, mais de façon non systématique, essentiellement à fin d’illustration.
SYNTHESE DES RESULTATS :
Localisation :
Seuls les quartiers anciens de la ville ont été concernés par l’enquête. Le nouveau quartier de Tolober ne faisant pas l’objet d’une réglementation spécifique destinée à protéger ou à affirmer l’identité et l’homogénéité architecturale et urbanistique du site, on y voit fleurir de nombreuses constructions en « dur » et des revêtements en briques cuites.
On constate que la « mode » des habillages en briques cuites n’épargne aucun quartier.
Types de bâtiments :
La quasi totalité des constructions couvertes en briques cuites sont des maisons d’habitation. A noter que plusieurs bâtiments publics du centre ancien sont construits en ciment (l’hôpital, la poste,…)
Hauteur des bâtiments :
Bâtiments en RDC : 61 (dont 21 dans le quartier de Kanafa de construction plus récente que le reste de la ville ancienne)
Bâtiments R + 1 : 88
Plus de 50 % des maisons couvertes en briques cuites sont à étage, ce qui signifie que le phénomène n’épargne pas les façades remarquables des maisons monumentales de type toucouleur et marocaines et que l’impact visuel est important
Date de construction :
Sur les 48 réponses obtenues (propriétaires absents, occupants ignorant l’époque de construction), la plupart des maisons sont récentes (1958 à 2007). Les réalisations pour lesquelles la date de construction n’est pas disponible, sont vraisemblablement plus anciennes.
Types de construction :
Tous les bâtiments identifiés étaient construits en terre, par contre il n’a pas été possible de distinguer avec certitude ceux construits en toubabou ferey (la grande majorité) de ceux réalisés en djenné ferey.
Date d’habillage en briques cuites :
Le premier habillage en briques cuites a été réalisé en 1973.
Années 1980 : 8/140 soit 5,7 %
Années 1990 : 20/140 soit 14,3 %
Années 2000/2004 : 42/140 soit 30 %
Années 2005/2008 : 70/140 soit 50 %
On constate une augmentation considérable du nombre des habillages en briques cuites ces dernières années puisque jusqu’en 1999 (soit sur une période de 26 ans) il n’y en avait que 28 alors que 112 ont été construits entre 2000 et 2008 (soit sur une période de 8 ans).
Maçons intervenants :
58 différents maçons ont réalisé des habillages de façades en briques cuites. Certains maçons ont réalisé plusieurs chantiers (jusqu’à 14), d’autres n’en ont fait qu’un seul. L’ensemble de la profession est concerné. Certains se sont même pratiquement « spécialisés » dans la technique d’habillage en briques cuites. Même si une grande partie des maçons ont aujourd’hui conscience des problèmes engendrés par cette pratique, ils estiment n’avoir pas souvent le choix et devoir respecter la volonté de leurs clients.
Parties du bâtiment recouvertes :
Façade Est : 73
L’ensemble de la maison : 46
Une partie de la maison (hors façade Est) :33
La majeure partie des habillages concerne les façades est (d’où vient la pluie battante), les autres parties exposées à la pluie telles que les sarafar sont aussi souvent protégées. Les gens qui disposent de moyens financiers importants n’hésitent pas à recouvrir l’ensemble de la maison y compris les façades de la cour intérieure.
Entretien/réparations :
Aucune réparation : 69 soit 45 %
Réparation annuelle : 31 soit 20 %
Réparations occasionnelles : 31 soit 20 %
Destruction complète : 3 soit 2 %
Sur les réponses obtenues, 45 % des façades habillées en briques cuites n’ont fait l’objet d’aucune réparation/entretien. Ce résultat est à relativiser considérablement puisque sur ce nombre seules 11 façades qui n’ont pas fait l’objet de réparations ont été réalisées avant 2003. Autrement dit 84 % d’entre elles ont été réalisées il y a moins de 5 ans. Seul un bâtiment habillé avant 2002 n’a fait l’objet d’aucune réparation.
L’entretien est systématique après 5 ans. Dans les 3 cas de destruction totale, l’habillage a été remplacé par un enduit traditionnel.
Etat du bâtiment :
Bon état : 85
Défauts : 34
Mauvais état : 31
Travaux en cours : 2
Il convient de relativiser le « bon état » de l’habillage puisque 70 d’entre eux ont été réalisés il y a moins de 3 ans.
CONCLUSION:
La mode de l’habillage des façades en briques cuites a tendance à se généraliser, elle n’épargne aucun quartier qu’il s’agisse du petit patrimoine comme des maisons à façades monumentales.
L’impact visuel est important puisque ce sont aujourd’hui près de 10 % des maisons de Djenné qui sont touchées.
Le phénomène croit de manière exponentielle : 28 entre 1973 et 1999 (moyenne d’une réalisation par an), 112 entre 2000 et 2008 (moyenne dix fois plus élevée).
L’ensemble de la profession de maçon est concerné par cette pratique. Pourtant, outre le préjudice esthétique et la dégradation de la qualité du patrimoine
architectural conduisant à la perte de l’identité de la ville de Djenné, l’habillage des façades en briques cuites présente des inconvénients majeurs sur le plan technique (faible durabilité, problèmes d’infiltration, fragilisation de la structure du bâti à long terme), comme sur le plan économique (beaucoup plus coûteux que le meilleure enduit traditionnel, moins intensif en main d’œuvre, privant les maçons d’une source de revenus réguliers).
Alors même que la ville est classée « Patrimoine mondial de l’humanité » depuis 1988 et que plusieurs projets d’aménagement et de réhabilitation du patrimoine ont été réalisés, la situation du patrimoine architectural de Djenné ne cesse de se dégrader.
Ces mauvais résultats amènent à s’interroger sur la réelle volonté de l’Etat –ou sur la capacité des institutions nationales et internationales– à assurer la protection de ce patrimoine. Ce patrimoine est en danger ! Des actions urgentes s’imposent….
Elles peuvent être menées à moindre coût par les organisations locales comme le barey ton et DJENNE PATRIMOINE, …encore faudrait-il leur en donner les moyens….
Témoignage des élèves de l’école de St Alban d’Hurtières (savoie) :
« Pour commencer, nous avons visité notre école qui date du XIXe siècle, même le grenier, pour voir comment elle était construite. Ensuite nous l’avons dessiné et notre intervenante nous a expliqué ce qu’était un plan d’architecte. Après, nous avons listé toutes les activités que nous faisons à l’école. Il y en a d’autres que nous ne pouvons pas faire parce qu’il n’y a pas assez de place, comme la danse et le bricolage. Dans notre projet d’éco-école nous pouvons prévoir toutes ces activités !
Nous avons réfléchi aux matériaux écologiques et aux énergies renouvelables que nous voulions utiliser. Par exemple, les panneaux solaires et les citernes pour récupérer l’eau de pluie pour les toilettes et le jardin de l’école. Alors, nous avons imaginé les plans et enfin nous avons fait les maquettes en terre. Les toits étaient difficiles à réaliser, mais notre intervenante nous a bien aidé ! »
Témoignage d’Amarilys, 9 ans :
« Les murs de ma maison sont en terre/paille, comme ça je n’ai pas besoin d’ajouter de l’isolant. Pour le toit, il y a deux parties : la plate, ça s’appelle un « toit végétalisé », c’est joli et très isolant. C’est une terrasse où on peut se reposer. L’autre partie du toit est courbe, elle déborde pour couvrir la terrasse du rez-de-chaussée qui est au Sud. Dessus il y a des panneaux solaires pour produire de l’eau chaude. Pour le chauffage, j’ai prévu un poêle à bois, car c’est une énergie renouvelable et non polluante. J’ai aussi une citerne pour récupérer l’eau de pluie du toit. Je l’utilise pour les toilettes, la machine à laver et le jardin. »
Témoignage des enfants de l’école d’Aiguebelle (Savoie) :
«Nous sommes allés étudier l’architecture des maisons d’autrefois dans un village de montagne proche de chez nous. Autrefois, il y avait beaucoup de fermes. Les gens mettaient le bétail au rez-de-chaussée, dans l’écurie, qui est en pierre. L’habitation au-dessus est aussi en pierre. Ils profitaient de la chaleur des bêtes qui montait du dessous, au travers du plancher en bois. On trouve deux ou trois pièces : la salle commune et une ou deux chambres. Au-dessus se trouve le grenier. Ses murs sont en bois et on y mettait le foin, les grains et tout ce qui devait être bien au sec, bien ventilé sous le toit. Les ouvertures de la maison sont petites pour ne pas laisser passer le froid de l’hiver, car à cette époque, les maisons n’étaient pas isolées. »
« Nous avons vu des petits greniers en bois, construits près des maisons. Ils sont surélevés pour protéger les réserves des rongeurs et de l’humidité du sol, comme ceux d’Afrique que nous avions vu en photos. Mais là-bas ils sont en terre. »
« Et puis nous avons visité le village : le lavoir, l’église, l’école qui est fermée maintenant parce qu’il n’y a plus assez d’enfants. Nous avons fait cuire du pain dans le vieux four et ça sentait très bon. Nous en avons emporté un chacun pour nos parents. »
« Nous avons discuté avec des anciens du village qui nous ont expliqué comment vivaient leurs parents, sans les voitures ni la télévision. »
Nous proposons aux enfants de découvrir des maisons du monde. De la Finlande au Mali en passant par l’Espagne et la France, de la maison troglodyte à la tente nomade, comprendre comment l’environnement mais aussi la culture et les modes de vie influent sur l’habitat. Cette séance se poursuit par la réalisation de maquettes en carton d’un maison du Yémen et d’une maison du Burkina Faso, occasion d’échanger plus en détail sur ces cultures et l’architecture.
La maison écologique c’est bien, l’éco-village c’est encore mieux !
L’habitat n’est plus dispersé mais au contraire groupé. On choisit ainsi de préserver au maximum l’espace naturel, qui reste accessible à tous les habitants.
La voiture et les routes occupent moins de place. On utilise davantage le vélo, les transports en commun, le co-voiturage. Au lieu d’une chambre (garage) dans chaque logement on préfère un grand abri collectif. On pollue moins et l’espace libéré peut être utilisé pour autre chose.
En se regroupant on peut faire des économies. Par exemple, il est possible d’installer une éolienne pour faire de l’électricité ou un système de chauffage collectif. D’autres équipements peuvent aussi être partagés : machine à laver (buanderie), outils (ateliers), salle de jeux, …
Vivre dans un éco-quartier ou un éco-village, c’est s’engager à faire des efforts individuels au quotidien, pour moins polluer, moins gaspiller. C’est aussi apprendre à partager, à respecter les autres et à s’entraider. C’est être éco-citoyen.
L’architecture (organisation des espaces, volumes) et l’implantation (emplacement) de la maison tiennent compte de l’environnement :
- orientation par rapport au soleil et aux vents,
- végétation et relief (colline, rivière,…),
- climat,
- habitat existant.
Une maison écologique consomme peu d’eau et d’énergies, dans son fonctionnement, mais aussi pour sa construction.
Energies et matériaux sont renouvelables. C’est à dire qu’ils proviennent de ressources naturelles qui ne s’épuiseront jamais, si elles sont bien gérées. On s’efforce aussi de trouver des sources d’approvisionnement locales pour éviter le transport très polluant. Enfin, quand on voudra détruire la maison tous les matériaux pourront être recyclés et ne laisseront aucun déchet sur le terrain.
L’eau peut être économisée grâce à des récupérateurs d’eau de pluie, des systèmes d’assainissement plus adaptés et une meilleure gestion au quotidien.
Une maison écologique préserve notre santé. Les matériaux ne rejettent pas de produits toxiques, on parle alors de matériaux sains. Ces produits toxiques sont présents dans les peintures, traitements des bois, matières plastiques, colles,… non labellisés écologiques.